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Existe-t-il des blessures spécifiquement féminines en sport et comment les éviter ?

Dr Martinez Claudine11 octobre 2015

Généralités

Chaque mois, au cours du cycle naturel féminin, la résistance de certains tissus diminue et s’ils sont excessivement sollicités, l’accident menace avec risque de rupture de tendon.

Les hommes et les femmes ne pratiquent pas le sport pour les mêmes raisons. Car même si les motivations principales et communes aux deux sexes restent le plaisir et la forme, une des raisons chez l’homme tout venant qui est nettement minoritaire chez les femmes est la COMPÉTITION. Alors que chez les femmes tout venantes, la raison la plus évoquée est celle de l’esthétisme.

Selon le National Institute of Arthritis and Musculoskeletal and Skin Diseases, plus d’un tiers des blessures sportives surviennent chez les jeunes adultes actifs (âgés de 25 à 44 ans), et se produisent 30 % plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes. Ces motivations chez les sportifs de haut niveau (professionnel ou amateur), autant pour l’homme que pour la femme, est évidemment celle de la compétition, de la réussite et des performances.

Blessures specifiquement feminines en sport

Une autre constatation a été faite à propos de l’incidence des blessures chez l’homme et la femme. Ainsi les hommes se blesseraient nettement plus que les femmes, notamment parce qu’ils prennent plus de risques, n’écoutent pas suffisamment leurs limites physiques et aiment le goût de l’extrême et de la compétition. De fait, il n’est donc pas surprenant que le sexe masculin figure parmi les facteurs de risque de nombreux sports….. Il s’avère  d’après la littérature en médecine sportive que ces blessures se produisent – avec une certaine réserve selon le type de sport – plutôt lors des matchs, et non au cours des entrainements comme on pourrait le croire  (car l’exposition est plus importante.)

Une blessure plus spécifiquement féminine : l’atteinte du LCA (ligament croisé antérieur) du genou

Il est maintenant bien connu que le risque de blessures du LCA dans la population sportive est plus grand chez les athlètes féminines par rapport aux athlètes masculins. Des facteurs extrinsèques et intrinsèques interviennent dans cette différence.

Les femmes ont un LCA plus petit, moins rigide, et moins résistant à la rupture. Les femmes ont également une plus grande laxité des articulations et une diminution de raideur musculaire.

Les facteurs hormonaux participent à cette différence. (œstrogène, relaxine, progestérone, testostérone).

Les femmes sont significativement plus à risque de lésion du LCA au cours de la période pré-ovulatoire du cycle menstruel que pendant la période post-ovulatoire mais peu d’articles se sont intéressés aux effets hormonaux direct sur le LCA.

Le risque de rupture du pivot central semble bien augmenté dans la première phase du cycle. Les contraceptifs oraux pourraient avoir un effet protecteur sans que l’effet soit bien connu. La collaboration des deux spécialités (orthopédiste médecin du sport – gynécologue) est sûrement souhaitable dans l’avenir pour mieux comprendre ses facteurs. L’enjeu n’est pas négligeable en termes de prévention et de santé publique.

Les athlètes féminines doivent particulièrement bénéficier d’une PRÉPARATION NEUROMUSCULAIRE, car elles ont une diminution de la force et de la puissance par rapport à leurs homologues masculins.

Cette préparation conçue pour les jeunes femmes augmente leur puissance, leur force et leur contrôle neuromusculaire. L’entraînement dynamique et neuromusculaire peut réduire les différences liées au sexe concernant l’absorption de la force, la stabilisation active du genou, les déséquilibres musculaires et biomécaniques, tout en augmentant la résistance des os, des ligaments et des tendons (http://www.olympic.org/Documents/Reports/FR/fr_report_517.pdf)

Risques liés au sport spécifique au sexe, la triade de l’athlète pour la femme sportive : anorexie, aménorrhée, ostéoporose

Le point de départ est le déséquilibre entre l’apport alimentaire insuffisant en énergie et les dépenses liées à l’exercice. Cette restriction engendre des anomalies de sécrétions des hormones hypothalamiques telles que la LH engendrant l’absence de sécrétions œstrogéniques augmentant ainsi les risques d’une ostéoporose précoce. On estime l’aménorrhée entre 34 et 79 % dans une population danseuse de ballet, 26 % chez les marathoniennes et 12 % pour les sports non portant (par exemple la natation ou le cyclisme) (CHATARD 2004). Les conséquences sont dramatiques avec des risques de fracture du col du fémur…..

Par ailleurs, chaque mois, au cours du cycle naturel féminin, la résistance de certains tissus diminué, et s’ils sont excessivement sollicités, l’accident menace avec risque de rupture de tendon.

Il est donc très important de…


  • Surveiller son cycle menstruel et alerter son médecin en cas d’absence de règles ou de cycles très irréguliers car la perte osseuse est rapide les premiers temps et la prescription de pilule ou hormones permettra de rétablir un capital osseux et un cycle artificiel.
  • Faire de l’exercice avec mise en charge pour augmenter la minéralisation et densité osseuse qui semble être meilleure par ex. chez les footballeuses que dans les sports d’endurance à cause des contraintes mécaniques.
  • Couvrir ses besoins énergétiques…. Mangez…!!!!…un faible apport énergétique soit moins de 30 kcalories par kilo de MCM (masse corporelle maigre) est à éviter pendant une période prolongée car aggrave le risque de perte osseuse….
  • Surveiller votre apport calcique et en vitamine D.

Donc pour prévenir les risques de lésions spécifiquement féminines, il faut se RENFORCER musculairement, MANGER en couvrant ses besoins énergétiques trop souvent sous évalués par les sportives par soucis d’esthétisme et surveiller son cycle menstruel….

Crédit photo

Image par Tumisu de Pixabay

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