Docteur, « j’ai mal aux reins ! », une bien curieuse expression.
Qui n’a pas prononcé ou entendu cette phrase utilisée dans le langage courant ? C’est un abus de langage et une erreur, car hormis le cas d’une colique néphrétique, c’est-à-dire un calcul bloquant le conduit qui transporte l’urine du rein vers la vessie qu’on appelle l’uretère, la douleur est d’origine vertébrale. Mais, cette expression a un double avantage, d’une part elle prouve que la majorité des gens situent bien cet organe et d’autre part ils savent que sauf exception, il y en a deux.
La maladie rénale touche 3 millions de personnes en France.
35 000 personnes sont dialysées.
25 000 sont porteuses d’un greffon rénal.
Parmi les 7 500 patients qui entrent en dialyse chaque année, 35 % n’ont pas bénéficié à temps d’une prise en charge néphrologique.
Constatons avant toute chose qu’elle est double :
En clair, c’est non seulement notre « filtre », mais c’est aussi un producteur de substances indispensables à l’équilibre de notre organisme. Déjà, nous comprenons mieux l’importance de cet organe ainsi que la complexité de son fonctionnement. La Néphrologie est donc une spécialité à part entière, en constante évolution et imbriquée avec de nombreuses autres spécialités.
L’insuffisance rénale chronique est la perte irréversible des fonctions du rein, consécutive à une destruction progressive des unités fonctionnelles appelées néphrons, lesquelles assurent le travail d’excrétion et de sécrétion.
Les trois grandes causes sont l’hypertension artérielle, le diabète, et l’allongement de la durée de la vie. On comprend ainsi pourquoi cette maladie est en forte croissance.
Mais il ne faut pas non plus négliger la nette augmentation du nombre de maladies dites auto-immunes ces dernières années surtout chez les jeunes, responsables d’insuffisances rénales précoces.
C’est une maladie silencieuse qui évolue durant plusieurs années avant qu’apparaissent les premiers signes. Pendant très longtemps, elle peut passer inaperçue et n’être révélée que par un bilan biologique comprenant un dosage de la créatinine lors d’une prise de sang. Cet examen est systématiquement réalisé à l’occasion d’un diabète, d’une infection urinaire haute, d’une hypertension artérielle, de calculs rénaux ou encore d’une anémie.
Toutes ces manifestations peuvent être soit la cause soit la conséquence de l’insuffisance rénale.
Il n’existe pas de traitement capable de restaurer le fonctionnement normal du rein, mais une classe de médicaments peut dans certains cas ralentir la progression de la maladie.
Malheureusement, près d’un tiers des patients atteints d’insuffisance rénale sont diagnostiqués au stade terminal. On estime à presque 3 millions le nombre de Français qui en sont atteints. Pour certains d’entre eux, l’évolution justifiera la dialyse ou la greffe rénale. Retenons cependant que la prise en charge doit être la plus précoce possible et le dépistage doit cibler les populations à risque, soit les personnes atteintes de diabète, d’hypertension artérielle et de maladie rénale familiale.
Malgré des moyens limités, la France peut faire état d’avancées récentes de premier plan et reste un des leaders mondiaux dans la recherche néphrologique :