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Prélèvement du ganglion sentinelle

Dr Martinez Claudine11 octobre 2015

Généralités

La découverte d’un cancer du sein impose la recherche d’informations qui permettent de proposer un traitement adapté à chaque patiente.

Il est notamment important de connaître le statut ganglionnaire c’est à dire de savoir s’il existe des ganglions atteints par le cancer. S’il existe des ganglions malades, ils se situent dans la majorité des cas au niveau de l’aisselle. Pour cette raison, classiquement, la chirurgie du cancer du sein doit comporter un curage axillaire, c’est à dire l’ablation d’au moins une dizaine de ganglions de l’aisselle.

Ce curage axillaire systématique permet de connaître le statut ganglionnaire en analysant les ganglions prélevés et de traiter la maladie en enlevant les éventuels ganglions malades.

Pour les plus petites tumeurs, dans près de 80% des cas aucun ganglion n’est malade et le curage ne sert donc qu’à connaître le statut ganglionnaire au prix parfois d’un inconfort voire de séquelles non négligeables (lymphoedème ou gonflement du bras, douleurs de l’épaule, perte de la sensibilité de la peau de l’aisselle, etc…).

Le but de la technique du ganglion sentinelle est de fournir une information fiable sur le statut ganglionnaire des cancers du sein de petite taille pour ne réaliser un curage axillaire que lorsqu’il est rendu indispensable par la découverte de ganglions atteints.

Le ou les ganglions sentinelles sont les premiers relais de drainage du sein, ils sont en général au nombre de 1 ou 2 et ils peuvent être identifiés, prélevés et analysés sélectivement.

Technique

La procédure consiste à injecter dans le sein deux traceurs qui se concentreront au niveau du ou des ganglions sentinelles qui pourront ainsi être détectés et prélevés pour analyse. Les traceurs sont être un colorant bleu injecté au bloc opératoire par le chirurgien et une substance faiblement radio-active injectée dans un service de médecine nucléaire (l’utilisation d’un seul traceur diminue le risque de non détection).

Ces injections sont indolores et les produits sont rapidement éliminés. En post-opératoire immédiat, les urines peuvent d’ailleurs être bleues et le sein conserve parfois une coloration bleutée pendant plusieurs semaines.

Depuis une dizaine d’années, cette technique a été évaluée par de nombreuses équipes dans le monde. Des études ont montré que le ganglion sentinelle pouvait être détecté dans 90 à 100% des cas avec un risque d’erreur faible (moins de 5% des cas de patientes porteuses de ganglions malades).

Conclusion

  1. L’hypothèse est que si les ganglions sentinelles sont indemnes, aucun autre ganglion n’est malade et un curage axillaire est inutile.
  2. Si après analyse l’un des ganglions sentinelles se révèle atteint par le cancer, un curage axillaire complémentaire est nécessaire soit au cours de la même intervention soit le plus souvent lors d’une seconde intervention.

En pratique


  • Hospitalisation le plus souvent la veille de l’intervention, pas à jeun.
  • Repérage du ganglion sentinelle :
    • Transfert dans le Service de Médecine Nucléaire ;
    • Injection du traceur radio-isotopique la veille de l’intervention ;
    • Repérage du ganglion qui a concentré le traceur par une scintigraphie ganglionnaire, en général dans l’après-midi.
  • Intervention chirurgicale :
    • Commence par l’injection d’un traceur coloré bleu (bleu patent) autour du mamelon, le ganglion est donc repéré par un double marquage (radio isotope et bleu patent) ;
    • Prélèvement du ganglion ;
    • Analyse du ganglion au bloc opératoire (par un médecin anatomo-pathologiste) ;
    • Si le ganglion sentinelle se révèle atteint, un curage axillaire complémentaire est nécessaire au cours de la même intervention.

*   L’atteinte du ganglion sentinelle peut être détectée secondairement dans les jours suivant l’intervention par utilisation de techniques plus fines (coupes sériées, ou Immuno Histo-Chimie).

Dans ce cas le curage axillaire sera complété lors d’une deuxième intervention à programmer dans les jours suivants.

*   L’objectif de la tumorectomie est d’enlever la ou les tumeurs avec une marge de tissu sain d’environ 1cm macroscopiquement (soit 5mm microscopiquement). L’analyse définitive de la pièce d’exérèse montre parfois des lésions adjacentes (autre tumeur de petite taille invisible à l’imagerie, carcinome in-situ…..) justifiant aussi une reprise chirurgicale pour élargir l’exérèse.

Risques et bénéfices


  • Colorant bleu patent : les effets indésirables possibles du colorant bleu sont une teinte bleutée transitoire de la peau et des urines, rarement une éruption cutanée et exceptionnellement un choc allergique. Si vous avez un tempérament allergique, veuillez le signaler au chirurgien et/ou à l’anesthésiste.
  • L’irradiation liée au produit isotopique utilisé n’a pas de conséquence à court ou long terme sur votre santé et correspond à la quantité de radiation naturelle reçue pendant deux mois de l’année.
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