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Ostéopathie et ménisques du genou : mécanismes et diagnostic clinique

Dr Raduszynski Ivan21 novembre 2014

Introduction

Le blocage du genou d’origine méniscale est un motif de consultation fréquent chez le sportif (football, ski, rugby…) mais aussi chez Monsieur « tout le monde ». Chaque genou contient un ménisque interne et un ménisque externe, c’est l’interne qui est le plus souvent concerné. Les manipulations des ménisques font partie des techniques traditionnelles d’ostéopathie « périphérique », c’est-à-dire des articulations des membres. Ces corrections ont pour but de « débloquer » l’articulation. Elles peuvent être utilisées souvent, mais pas toujours, car il existe des contre-indications que le médecin-ostéopathe devra respecter après un examen clinique soigneux.

Biomécanique

Le mode d’action des manipulations méniscales découle de la physiologie articulaire du genou. Les ménisques sont des fibro-cartilages en forme de croissants qui s’interposent entre les surfaces articulaires du genou. Lors des mouvements de flexion-extension, les condyles fémoraux se déplacent par rapport aux glènes tibiales, ce qui entraîne aussi un mouvement des ménisques qui sont des structures mobiles et déformables.

Physiopathologie

Les mécanismes pouvant provoquer une lésion méniscale sont nombreux et bien connus : rotation exagérée du genou (ski), hyper-extension (frappe du footballeur), mais aussi simple accroupissement ! Dans le cas d’une lésion traumatique, le ménisque est « surpris » par un asynchronisme entre le mouvement condylien et le mouvement tibial, ce qui va générer le coincement. Ce mécanisme peut être d’intensité variable : il peut aboutir à une simple perturbation réversible de la mobilité : on parlera de coincement méniscal fonctionnel, soit à une véritable lésion fibro-cartilagineuse pouvant être de gravité variable, allant d’une petite « bandelette » touchant la corne postérieure du ménisque interne jusqu’à la déchirure quasi complète (anse de seau).

Les manipulations ostéopathiques s’adressent en premier lieu aux dysfonctions réversibles et aux lésions modérées. L’anse de seau constitue une contre-indication stricte à la manipulation : elle nécessite une arthroscopie.

Diagnostic

La symptomatologie fonctionnelle est dominée par la douleur de la face interne du genou, associée à un blocage qui empêche le patient de tendre la jambe à fond. Parfois, il existe un épanchement intra-articulaire, qui se traduit par un gonflement avec augmentation de la chaleur locale.

L’examen physique permet le plus souvent au médecin-ostéopathe de faire le diagnostic. Il est très fréquent de n’avoir besoin ni de radiographie et encore moins d’une IRM qui devra être réservée à certains cas particuliers. Voici quelques éléments déterminants de l’examen du patient. De plus, l’interprétation des résultats de l’IRM, si elle est réalisée, doit être prudente car il existe des « faux positifs ».

  • à l’inspection debout : la recherche d’un flessum, c’est-à-dire un genou qui reste un peu fléchi même si l’on demande au patient de se redresser complètement sur ses appuis ;
  • lors de la marche on observe une légère boiterie d’esquive : l’appui est douloureux et le patient décale les épaules du côté opposé à la lésion ;
  • la palpation du genou sur sujet couché recherche un épanchement : le genou est gonflé et l’espace entre la rotule et le fémur est augmenté (choc rotulien) ;
  • l’examen de la mobilité passive du genou en flexion-extension et en rotation constitue le temps fondamental du diagnostic. Il existe le plus souvent une limitation de l’extension avec perte de l’élasticité du genou en hyper-extension lorsqu’on soulève le pied de la table tout en stabilisant la cuisse.

Si la limitation de l’extension est isolée (avec une flexion normale), elle traduit en règle générale une lésion de la corne antérieure du ménisque interne. Si la limitation de l’extension est associée à une limitation douloureuse de la flexion, il faut alors évoquer une lésion de la corne postérieure. Un blocage très important et douloureux à la fois en flexion et en extension évoque une anse de seau luxée dans l’échancrure inter-condylienne qui contre-indique de manière stricte toute manipulation ostéopathique.

Principaux tests cliniques recherchant les signes d’un coincement méniscal

Test de Mac Murray

Test de Mac Murray : le patient est allongé genou fléchi, le praticien réalise une manœuvre de test associant extension passive, compression axiale et alternance de rotations interne et externe.

Grinding test

“Grinding test” de Cooper : patient couché sur le ventre, genou fléchi à 90°, compression verticale du ménisque par le segment jambier, avec association de rotations interne et externe alternées.

Ces deux tests sont positifs si le médecin reproduit la même douleur que celle spontanément ressentie par le patient.

“Cri du ménisque” (Oudard) : le pouce du médecin palpe la corne antérieure du ménisque. Lors du passage de la flexion vers l’extension, s’il y a une lésion de la corne antérieure, cette palpation va déclencher une douleur aiguë.

Ces manœuvres conduisent au diagnostic clinique. Le contexte local et général influe sur la décision thérapeutique. La suite de l’article traitera des manipulations ostéopathiques des ménisques du genou…

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