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Lombalgie commune

Dr Raduszynski Ivan1 novembre 2014

Généralités

La lombalgie est le mal du bas du dos. « Tout le monde a eu, a ou aura un jour mal au dos ! », cet adage bien connu est statistiquement vérifié car les lombalgies constituent un problème de santé publique : 80 % de la population est concernée au cours de sa vie.

Étiologies

Les causes les plus fréquentes de lombalgie sont :

  • Les troubles fonctionnels mécaniques de la colonne : dysfonction somatique vertébrale, dérangement inter-vertébral mineur, qui sont de très loin les causes les plus fréquentes ;
  • L’arthrose des articulaires postérieures, correspondant à l’usure des petits cartilages situés à l’arrière de chaque vertèbre ;
  • La dégénérescence d’un disque inter-vertébral qui peut être de gravité variable allant du simple pincement à la hernie discale ;
  • Une lésion musculaire, finalement assez rare à ce niveau du corps ;
  • Le spondylolysthésis qui correspond à un glissement d’une vertèbre par rapport à une autre, souvent d’origine congénitale ;
  • La scoliose dégénérative de l’adulte, déformation arthrosique très évoluée de la colonne lombaire accompagnée d’instabilité des vertèbres, ce qui est très différent de la scoliose de l’adolescent qui elle n’est jamais douloureuse.

Facteurs de risque

L’aspect purement mécanique ne doit pas être le seul à être pris en compte : les facteurs de risque de la lombalgie sont multiples et celle-ci doit être considérée comme une affection multifactorielle. On met notamment l’accent sur :

  • Le type de profession : charge de travail élevée, efforts de soulèvement répétés avec flexion et rotation du tronc, exposition aux vibrations. L’intensité de l’activité physique au travail compte, mais aussi la mauvaise ergonomie du poste de travail (siège de mauvaise qualité, écran d’ordinateur mal placé) ;
  • Le statut psychologique : syndrome anxieux, état dépressif. Le « stress » des responsabilités au travail ou bien lié à la vie personnelle sont des facteurs déclenchants qui devront être pris en compte dans le cadre d’une approche globale du patient ;
  • Les facteurs sociaux : profession monotone et dévalorisante, frustration, voire harcèlement au travail, contexte social non satisfaisant ;
  • Un mode de vie sédentaire est retrouvé de manière très fréquente chez les patients lombalgiques en particulier dans les grandes villes. L’absence ou la rareté de l’activité physique est responsable d’une faiblesse des muscles stabilisateurs du rachis, avec station assise devenant très pénible. Les positions statiques prolongées et répétées favorisent la rétraction des muscles longs des cuisses, ce qui entraîne des lombalgies par dysharmonie des mouvements du bas du dos et du bassin ;
  • Les lombalgies chroniques : Seulement 8 % des lombalgies passent à la chronicité, or ces dernières représentent 85 % des dépenses (consultations, examens complémentaires, arrêts de travail, indemnisation en cas d’accident du travail). Le risque d’évolution vers une lombalgie chronique est d’autant plus grand que la première crise aura été aiguë et sévère (intensité de la douleur, durée, présence d’une sciatique).

Les tableaux cliniques


Le lumbago aigu discal est la forme clinique la plus spectaculaire

Touchant classiquement le sujet jeune ou d’âge mûr, il survient brutalement après un ou plusieurs efforts de soulèvement, un mouvement de torsion, mais parfois aussi un geste anodin. Le sujet a une sensation de blocage du dos. La flexion du tronc est douloureuse et très limitée. Cette douleur augmente au moindre effort et prend un caractère impulsif : douleur exacerbée par la toux, l’éternuement, les selles.

Une attitude antalgique irréductible en baïonnette est souvent présente : le sujet ne peut se tenir droit même s’il essaie de corriger sa position. Elle correspond à une contracture réflexe des muscles situés de chaque côté de la colonne. Celle-ci est palpable par le médecin qui retrouve une douleur à la pression sur une apophyse épineuse ou sur un espace inter-épineux.

Le signe de Lasègue lombaire est fréquent, uni ou bilatéral, signant l’irritation d’une des méninges : la dure-mère. Une douleur intense du bas du dos survient lorsque le médecin soulève la jambe du patient qui reste passif et relâché. Si la douleur va aussi dans la jambe lors de ce test, on est en présence d’une sciatique qui correspond non seulement à un « blocage » d’une vertèbre mais aussi à l’inflammation d’une racine nerveuse toute proche.

Le bilan radiographique n’est utile que si le patient a plus de 50 ans ou si la clinique est douteuse car un lumbago aigu d’allure discale chez le sujet âgé doit faire suspecter un tassement vertébral ostéoporotique. L’évolution du lumbago est favorable en une semaine. Parfois il persiste un fond douloureux après la phase critique. Dans d’autres cas, ce lumbago évolue vers une forme récidivante.

L’entorse discale est une forme particulière, qui fait suite à un effort très violent avec torsion lombaire ou à un traumatisme. Elle résulte d’une rupture de l’anneau fibreux qui entoure le disque inter-vertébral. L’entorse peut être bénigne, intradiscale, ou grave, réalisant une hernie discale. Il y a dans ce cas une atteinte associée du ligament vertébral commun postérieur qui est situé juste en arrière du disque. Ce tableau nécessite le port d’un corset rigide pendant 6 semaines.

Les lombalgies aiguës non discales : beaucoup plus fréquentes, elles concernent des milliers de gens

La lombalgie articulaire postérieure résulte des mêmes circonstances de survenue que le lumbago discal, mais la douleur est moins intense. Faisant suite à un simple « faux mouvement », elle correspond à une dysfonction mécanique des apophyses articulaires postérieures et survient presque toujours chez un sujet ayant une musculature abdominale et para-vertébrale faible. Le sujet n’a pas d’attitude antalgique mais une simple raideur segmentaire qu’il arrive à corriger quand il se redresse complètement. La douleur n’est pas impulsive à la toux. Elle s’accentue souvent lors des mouvements d’extension lombaire car ceux-ci augmentent les contraintes sur les cartilages articulaires postérieurs.

La déchirure musculaire lombaire : tableau hyperalgique post-traumatique survenant à cause d’une contraction violente des muscles para-vertébraux chez un sujet positionné en flexion du tronc. Dans ce cas, il n’y a ni lésion discale ni articulaire postérieure. L’échographie ou l’IRM montrent un hématome musculaire, une rupture des fibres musculaires ou de l’aponévrose qui les recouvre. Le dos n’est pas une localisation fréquente de déchirure musculaire.

La fracture du sacrum : faisant suite à traumatisme minime chez une femme âgée (simple choc et pas forcément une chute), les douleurs sont augmentées en position debout et complètement soulagées couché. C’est un piège diagnostique car cette fracture donne des lombalgies basses à irradiation fessière attribuées à tort à une arthrose lombaire et non des douleurs du bassin. Le diagnostic nécessite une scintigraphie qui montre une hyperfixation du sacrum en « H ». Il faudra tout de même rechercher une fracture du bassin qui lui est associée dans la moitié des cas (branche ilio ou ischio-pubienne).

Le tassement vertébral ostéoporotique : il touche typiquement femme de plus de 60 ans, ou un homme de plus de 75 ans, après chute de sa hauteur. Il siège le plus souvent à la jonction dorso-lombaire et donne une douleur irradiant en hémi-ceinture. La douleur disparaît après 3 à 6 semaines de repos.

Quels traitements peut-on proposer ?

Il n’existe pas une seule lombalgie mais de nombreux tableaux cliniques qui nécessitent un diagnostic et une évaluation du retentissement des douleurs, notamment dans les formes chroniques.

L’approche allopathique est bien connue : antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens, myorelaxants, parfois infiltration de corticoïdes : elle peut suffire mais on lui objectera son caractère symptomatique et les nombreux effets indésirables de ces médicaments.

La kinésithérapie, faite après bilan personnalisé du patient par un praticien dévoué a toute sa place notamment dans les douleurs récidivantes nécessitant un renforcement musculaire lombo-abdominal et des exercices d’étirement des muscles des membres inférieurs. Dans certains cas, le patient devra ensuite entretenir le résultat par la pratique d’une gymnastique.

Certaines médecines alternatives complémentaires (MAC) pratiquées par un médecin après un diagnostic précis ont souvent montré leur efficacité, notamment l’acupuncture, la mésothérapie et tout particulièrement la médecine manuelle-ostéopathie.

Traitement ostéopathique de la lombalgie :

Des études randomisées ont montré la supériorité des techniques manuelles par rapport aux anti-inflammatoires dans le traitement de la lombalgie aiguë commune. Dans l’approche ostéopathique, Il ne s’agit pas seulement de manipulations vertébrales mais d’un ensemble de techniques manuelles pratiquées de manière rationnelle s’adressant aux muscles, aux tissus de recouvrement et finalement aux articulations qui sont en dysfonction.

correction fonctionnelle

Correction fonctionnelle

manipulation lombaire

Manipulation lombaire

Certaines contre-indications doivent être respectées. Un choix approprié de techniques ostéopathiques différentes pour chaque patient lombalgique sera effectué, allant de techniques douces dites « fonctionnelles » jusqu’aux manipulations vertébrales plus traditionnelles à condition que ces dernières puissent être pratiquées sans risque. Le médecin-ostéopathe fait toujours d’abord un diagnostic médical classique grâce à l’interrogatoire, l’examen clinique et les éventuels examens complémentaires. Puis, avant la séance de traitement, il effectue des tests cliniques manuels de mobilité qui lui permettent de caractériser le type de lombalgie. L’étude de la posture globale du patient fait partie de cette approche.

osteo musculaire lombaire

Ostéo-musculaire lombaire

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