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Les différentes techniques ostéopathiques et leurs indications

Dr Raduszynski Ivan5 novembre 2014

Généralités

L’ostéopathie est très riche et cet article ne se prétend pas exhaustif. Il cherche à définir de façon simple ses principales méthodes manuelles et à citer les principaux troubles auxquels ces actions s’adressent.

Ce préalable suppose que, contrairement à certaines idées reçues, l’ostéopathie ne peut pas tout soigner !

L’ostéopathie a été créée aux Etats-Unis d’Amérique par un médecin : le Dr Andrew Taylor Still, en 1874. Celui-ci a voulu tenter d’expliciter les gestes utilisés par des rebouteux et des guérisseurs à la lumière des connaissances médicales de son époque. Les principes fondateurs de l’ostéopathie reposent sur des concepts empiriques pouvant être soumis à interprétation tels que « la vie, c’est le mouvement », « la structure gouverne la fonction », « la règle de l’artère est suprême »… Bien entendu, la médecine a progressé de manière spectaculaire depuis l’époque de Still et les techniques manipulatives ont peu à peu trouvé leurs fondements à travers des travaux scientifiques : anatomie, biomécanique articulaire et musculaire et neuro-physiologie sont les sciences fondamentales qui ont permis une meilleure compréhension des mécanismes d’action. Une pratique médicale de l’ostéopathie a, peu à peu, permis d’en définir les indications.

4 grands types de techniques

Les techniques ostéopathiques utilisées par la majorité des médecins-ostéopathes peuvent être divisées en 4 grandes catégories.

  • Techniques de tissus mous péri-articulaires et myotensives ;
  • Techniques structurelles (manipulations articulaires) ;
  • Techniques fonctionnelles (manœuvres de correction « douces ») ;
  • Techniques viscérales (manipulations des organes).

Sémiologie et indications de l’ostéopathie

Les ostéopathes traditionnels décrivent des tests d’évaluation et des techniques de traitement en fonction d’une sémiologie propre à l’ostéopathie. Celle-ci définit des « lésions ostéopathiques » (l’ancien terme) à partir de signes palpatoires pathologiques. Il s’agit en fait d’un terme impropre, car les anomalies de l’examen physique constatées par la palpation sont en fait des restrictions de la mobilité des tissus (muscles, fasciae, articulations, viscères…) et donc des « dysfonctions somatiques » et non des lésions organiques. En ostéopathie traditionnelle, il est notable qu’aucune corrélation n’est faite entre la sémiologie ostéopathique et la sémiologie médicale.

Il revient au Dr Robert Maigne (1923-2012) le mérite d’avoir été le pionnier d’une description sémiologique précise permettant cette corrélation, en particulier dans ses travaux sur les douleurs mécaniques communes rachidiennes.

Médecine fonctionnelle, la Médecine Manuelle-Ostéopathie s’adresse au traitement des troubles réversibles de la mobilité du système musculo-squelettique, du système myo-fascial, et à ses conséquences. A ce titre, elle permet de traiter de nombreux symptômes présents dans des pathologies fonctionnelles aiguës ou chroniques, mais réversibles et également de soulager des troubles fonctionnels retrouvés au cours de pathologies organiques, mais sans prétendre faire disparaître ces dernières.

Techniques de tissus mous péri-articulaires et myotensives

Le « traitement général ostéopathique » (John Martin Littlejohn) est un ensemble de tests d’évaluation et de manœuvres de correction des restrictions de l’extensibilité des tissus musculo-aponévrotiques. Ces contractures, spasmes ou rétractions musculaires constituent un élément associé majeur de toute dysfonction mécanique vertébrale ou articulaire.

Les techniques « myotensives » ou techniques d’énergie musculaire (Fred Mitchell) sont des manœuvres basées sur des contractions musculaires actives effectuées par le patient contre résistance de l’opérateur. Le patient est positionné de façon spécifique selon la dysfonction constatée et de manière telle que l’action mécanique permise par la contraction des muscles agisse sur une raideur articulaire, sans forcer pour autant le jeu des cartilages.

correction myotensive symphyse pubienne

Correction myotensive de la symphyse pubienne

Ces deux méthodes s’adressent à quasiment toutes les pathologies fonctionnelles de l’appareil locomoteur et précèdent souvent des manipulations dites structurelles effectuées au cours de la même séance de traitement ou bien les remplacent chez des patients qui présentent des contre-indications à ces dernières.

Techniques structurelles

Il s’agit des manipulations articulaires et vertébrales avec impulsion (« thrust »). Elles obéissent à des règles strictes de diagnostic, de positionnement du patient et de mise en tension, devant être totalement indolores (règle de la non-douleur).

Un bruit de craquement (bruit de cavitation) se fait parfois entendre au cours de la manipulation. Il correspond à l’émission d’une bulle d’azote contenue dans le liquide synovial présent dans la cavité articulaire. Une brève baisse de pression interne au moment où le praticien effectue le « thrust » pousse le gaz hors du liquide.

correction structurelle menisque genou

Correction structurelle du ménisque du genou

Le mode d’action antalgique de ce type d’ajustement est lié à la récupération d’une mobilité articulaire qui est limitée par un « grippage » en dehors de tout délabrement dégénératif évolué qui contre-indiquerait son usage. Ces contre-indications découlent d’un diagnostic préalable précis effectué par le médecin.

Pouvant être appliquées aussi bien aux articulations intervertébrales qu’à celles des membres, les manipulations structurelles sont indiquées dans :

  • Les dérangements intervertébraux mineurs (lombalgie commune, cervicalgie, rachialgie dorsale, certaines sciatiques, certaines névralgies cervico-brachiales, en l’absence formelle de hernie discale) ;
  • entorse costale ;
  • douleurs liées à un « blocage articulaire » des membres (certaines dysfonctions méniscales du genou, épicondylalgies, suites d’entorses bénignes, troubles statiques du pied, etc.) ;
  • douleurs projetées d’origine vertébrale : elles sont liées à l’irritation d’une branche de division du nerf rachidien à son émergence et ce quel que soit l’étage de la colonne vertébrale. Il peut s’agit de céphalées cervicales, de pseudo-tendinites des membres, de cordons myalgiques ou même de douleurs pseudo-viscérales abdominales ou thoraciques dont la systématisation découle de la cartographie des métamères.

Les techniques fonctionnelles

Il s’agit de méthodes douces et atraumatiques basées sur la recherche d’un changement neurophysiologique du fonctionnement des récepteurs proprioceptifs présents dans la couche myofasciale, souvent dans les tendons, près des insertions musculaires.

A titre d’exemple, nous citerons le « Counterstrain » ou technique de correction spontanée par positionnement. Mise au point empiriquement par un médecin-ostéopathe américain dans les années 1940 (Lawrence Jones), cette méthode a ensuite été validée par des travaux de neurophysiologie. Le diagnostic est basé sur la recherche de points de tension myofasciaux qui deviennent douloureux lorsqu’existe une dysfonction mécanique. Chaque correction est spécifique et découle du maintien statique du patient pendant 90 secondes dans une position de confort permettant d’obtenir le relâchement des tissus autour de la dysfonction et la réinitialisation des propriocepteurs (fuseaux neuro-musculaires).

technique fonctionnelle de Jones cervicale

Technique fonctionnelle de Jones cervicale

Indications thérapeutiques : douleurs mécaniques du rachis et des membres au cours des pathologies musculaires et articulaires fonctionnelles ; douleurs articulaires chez des patients présentant une contre-indication aux manipulations structurelles.

Les techniques d’ostéopathie dite crânio-sacrée découlent d‘une théorie supposant qu’il existe une mobilité des os du crâne et des membranes méningées. Celle-ci n’a pas encore été démontrée scientifiquement. Pratiquée par de nombreux ostéopathes, elle s’adresse à des troubles fonctionnels très divers de l’adulte et peut s’appliquer au traitement de certains troubles de l’enfant dès la naissance.

Les techniques viscérales

Fondées sur la recherche de restrictions de mobilité des organes abdomino-pelviens ou thoraciques, les techniques de palpation des viscères permettent la mise en évidence d’adhérences, ou de viscéro-spasmes s’il s’agit d’organes creux.

La correction de ces dysfonctions se fait grâce à des manipulations douces des viscères, qui cherchent à étirer leurs moyens d’union (ligaments digestifs, mésos, épiploons…) ou à faire céder des troubles de la musculature lisse ayant des conséquences pathologiques sur le péristaltisme.

technique correction viscerale vesicule biliaire

Technique correction viscérale de la vésicule biliaire

Certains travaux permettent d’appréhender les pathologies fonctionnelles viscérales selon ce concept, qui est beaucoup plus récent que l’ostéopathie structurelle et qui doit encore évoluer, notamment à la lumière de l’évolution des connaissances en matière de pathologie du système neurovégétatif et de son retentissement sur le fonctionnement des viscères.

Indications : dystonies neurovégétatives, colopathie fonctionnelle, reflux gastro-oesophagien, constipation fonctionnelle, météorisme abdominal, dyspepsie biliaire, troubles hépatobiliaires, etc, après diagnostic formel d’absence d’organicité des troubles.

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